Le développement discret de Kevin Huerter
Il est roux, il est soyeux et on n’en parle pas assez. Kevin Huerter réalise une bonne saison dans l’indifférence la plus complète. Heureusement, votre humble troubadour de circonstance est là pour remettre l’église au milieu du village.
Régularité et force tranquille
Si Kevin Huerter n’est pas sous le feu des projecteurs, c’est sûrement parce qu’il est pris pour acquis. Malgré les renforts arrivés cet Été, le natif d’Albany a conservé sa production et n’a pas raté un seul match de la saison. Régulier, il fait ce qu’on attend de lui à chaque match mettant au moins 10 points lors de 36 des 54 matchs qu’il a joué cette saison.
La comparaison avec Bogdan Bogdanovic pourrait desservir Huerter, mais même depuis que Bogi a trouvé du rythme et pris en responsabilité sp, apport statistique n’a pas changé. Il est là, chaque soir, jouant en moyenne une trentaine de minutes et limitant comme il peut les absences successives sur le secteur extérieur d’Atlanta en faisant un peu de tout.
Un joueur toujours en progression
Statistiquement, il produit autant que la saison dernière mais il y a tout de même des améliorations notables dans son jeu. À 22 ans, il est encore loin d’être arrivé à maturation et son profil s’affine peu à peu.
Huerter devient en effet de plus en plus complet. S’éloignant peu à peu du profil de sniper presque unidimensionnel qu’on lui imaginait durant sa saison Rookie, dans la droite lignée d’un Kyle Korver, il se rapproche peu à peu du profil d’un Gordon Hayward. De moins en moins minable en défense, il s’est aussi amélioré à la création, aussi bien pour lui que pour autrui. Il semble plus concerné au rebond, a amélioré son nombre d’interceptions et baissé son nombre de pertes de balle.
On en avait déjà parlé en début mais Kevin a pris du muscle et a moins peur du contact. Il n’hésite plus à aller au cercle ou à naviguer entre les défenseurs dans le périmètre pour se créer un tir à mi-distance. À cause des blessures de Cam et Dre, il a tendance à de plus en plus jouer poste 3 et cet ajustement ne semble pas le gêner grâce à la prise de masse qu’il a faite cet Été.
Une baisse en efficacité qui dénote une certaine progression
Concernant ses pourcentages, on peut noter une petite baisse d’efficacité, indifféremment sous Lloyd Pierce comme sous McMillan. En effet, il était à 38% de loin la saison dernière et il tourne à 36% cette saison. Une petite baisse qui vient souligner un manque global d’adresse de loin chez nos joueurs de longue date puisque seuls nos arrivants tournent à 40% ou plus (Gallo et Bogi à 40%, LouWill à 56% mais sur un trop petit échantillon et Tony Snell à 57% dans une efficacité qui semble hors de ce monde).
Mais le concernant, cette petite baisse d’efficacité de loin témoigne en partie d’une progression : Huerter est en train de devenir un créateur de tir très compétent. Sidesteps, stepbacks, turnaround, fadeaway, tout y passe et le Red Velvet a développé une combinaison de jeu de jambe et de handle qui lui permet de créer de la distance avec son défenseur. Par exemple, on le voit fréquemment faire une feinte de tir lors d’un closeout pour mettre son défenseur dans le vent et enchaîner avec un pas de décalage avant de shooter. Ces tirs demandent une certaine technique et sont bien plus compliqués qu’un simple catch and shoot pieds ancrés dans le sol comme Tony Snell en prend 2.5 par match. Si l’efficacité d’un tel enchaînement est suspect à longue distance chez Kevin Huerter, cela lui permet tout de même d’être mortel à mi-distance.
Alors qu’il ne tournait qu’à 42% à mi-distance et à 33% sur les long-2, Huerter est maintenant respectivement à 55% et 41%. Une belle amélioration d’autant que les tirs qu’il prend dans ces zones sont difficiles, presque exclusivement en sortie de dribble et souvent contestés. Il n’est pas encore un vrai « bad shot maker », notamment parce qu’il lutte encore à les rentrer de loin, mais c’est peut-être la suite logique de sa progression au shoot.
Il est aussi bon de noter l’envie qu’à McMillan de développer le jeu sans ballon de de nos Hawks. Si la figure de proue de cette velléité est Bogi, Huerter est lui aussi de plus en plus utiliser comme un shooteur mobile qui tend à se démarquer en navigant entre les écrans.
En somme, Huerter continue peu à peu sa progression. Malheureusement, la profondeur et la qualité globale de l’effectif l’empêche d’avoir beaucoup de responsabilités offensives mais cela lui permet aussi de côtoyer de nombreux joueurs d’expérience. Il peut voir en Bogi un modèle puisqu’ils partagent des profils comparables, d’autant que le Serbe est actuellement dans une forme olympique dont le Red Velvet pourrait s’inspirer. De plus, évoluer aux côtés de scoreurs vétérans comme Lou Williams et Gallinari ne peut être que bénéfique pour lui tant ils ont de science offensive à partager.
Si l’apport de Kevin Huerter est déjà satisfaisant, il est dans une des années charnières de sa carrière et a l’occasion d’accumuler des compétences et de l’expérience au contact de vétérans d’exception. Si son avenir s’écrit à Atlanta sur le long terme, nul doute qu’il sera un bon candidat au rôle de 6e homme et que c’est cette saison qu’il a l’opportunité d’apprendre réellement les bases du métier.