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Résumé de saison

Les Hawks dans le dur sur la première partie de saison : quel est le problème à Atlanta ?

En cette fin de troisième semaine de janvier, nous arrivons à la moitié de la saison NBA. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas été un grand succès pour les Hawks. Avec un bilan de 18 victoires et 24 défaites, Atlanta pointe à la 10eme place de la Conférence Est, en dehors des places qualificatives pour le play-in tournament. L’équipe est mal en point, semble avoir perdu (presque) toute alchimie collective et oublié l’existence du mot « défense ».

Après un été relativement calme durant lequel aucun mouvement majeur n’est venu renforcer l’effectif, les attentes autour des Hawks n’étaient pas très élevées pour cette saison 2023-24. Sans réelle amélioration au cours de l’intersaison, on pouvait s’attendre une traditionnelle place dans le ventre mou de l’Est avec un bilan proche de l’équilibre. Mais peu de gens auraient pu prévoir qu’après 42 matchs Atlanta occuperait la 10eme place de sa conférence avec seulement 18 victoires. Il y avait en effet des raisons d’être optimistes pour l’avenir de la franchise : au sortir d’une série de playoffs plus disputée que prévue face à Boston, les espoirs placés sur le duo Trae Young – Dejounte Murray, désormais encadré par Quin Snyder, étaient grands. Mais force est de constater que ce tandem ne semble pas être en mesure de faire voler les Faucons aussi haut que ce qu’on ne le pensait.

Le trio Murray – Young – Snyder cherche encore la formule pour mener les Hawks en haut de la Conférence Est (Kevin Cox/Getty Images)

Sur la plan individuel, les deux hommes sont pourtant loin de réaliser une mauvaise saison. Trae Young a retrouvé l’adresse à 3 points qui lui avait fait défaut la saison dernière, continue de faire briller ses coéquipiers en délivrant près de 11 passes décisives de moyenne par match, et montre même d’intéressants progrès en défense. De son côté, Dejounte Murray fournit une production offensive très satisfaisante avec plus de 21 points de moyenne et une belle progression derrière l’arc (38,6% de réussite, de loin son meilleur chiffre en carrière). Mais malgré cela, « DejounTrae » n’est pas au niveau attendu. Un vrai manque d’alchimie se ressent entre les deux meneurs, qui ne jouent pas réellement ensemble. Comme s’ils s’empêchaient mutuellement de briller, ils évoluent rarement à leur meilleur niveau au même moment. Preuve en est, Atlanta affiche un net rating négatif (-3,63) quand ils sont tous les deux sur le terrain.

En plus de cela, l’apport défensif de Dejounte Murray pose question. Alors qu’il avait été recruté pour combler les lacunes de Trae Young dans ce domaine, les Hawks affichent un meilleur rating défensif quand Trae est sur le terrain et Dejounte sur le banc (118.99) que dans la configuration inverse (121.20). L’impact de DM5 sur la défense des Hawks est ainsi loin de ce qu’on espérait à son arrivée en Géorgie. Il faut dire qu’autour de lui, peu de joueurs relèvent le niveau sur ce plan. Si, sur le papier, les Hawks paraissent suffisamment bien armés pour construire une défense digne de ce nom, leurs meilleurs éléments ne répondent pas présents. Clint Capela semble de plus en plus loin de son niveau de 2021, De’Andre Hunter reste extrêmement irrégulier et Onyeka Okongwu connaît un vrai ralentissement dans sa progression. Et ce n’est ni sur Saddiq Bey, ni sur Bogdan Bogdanovic que l’on compte pour verrouiller l’accès au cercle.

Quelques observations statistiques suffisent pour confirmer la mauvaise impression visuelle laissée par la défense d’Atlanta, qui se classe 26eme au defensive rating. Avec 119 points encaissés par 100 possessions, les Hawks font mieux seulement mieux que les Pacers, les Pistons, les Hornets et les Wizards. Ils font également partie des équipes qui concèdent le plus de points sur jeu rapide et sur deuxième chance, ce qui témoigne d’un certain manque d’implication et de concentration de la part des joueurs. Difficile, avec une défensive aussi permissive, de faire figure de prétendant aux playoffs. On note d’ailleurs que parmi les dix pires équipes en terme de rating défensif, seules deux (Indiana et Milwaukee) ont un bilan positif… preuve qu’une mauvaise défense est souvent gage de mauvais résultats.

Ces résultats décevants, les Hawks ne les doivent pas qu’à leur mauvaise défense. Il est en effet des matchs où le rythme qu’ils imposent en attaque met leur adversaire dans les cordes et leur permet de prendre une avance confortable au tableau d’affichage sans pour autant imposer une défense de fer. La rencontre du 22 novembre 2023 face aux Pacers en est un excellent exemple : malgré les 73 points encaissés en première mi-temps, les Faucons rentraient au vestiaire avec 13 unités d’avance grâce à une attaque en grande réussite. Mais lorsqu’ils mènent aux scores, les hommes de Quin Snyder sont fébriles, si bien qu’un matelas de dix points d’avance ne suffit pas toujours pour décrocher la victoire. En témoigne ce match fou contre Indiana finalement perdu 157-152, ou la défaite face à Sacramento après avoir largement mené tout au long du match. L’incroyable remontée de San Antonio, qui a failli effacer un retard de 35 points lors du match du MLK Day, montre elle aussi l’incapacité d’Atlanta à gérer une avance.

De cette manière, les Faucons ont perdu plus d’une demi-dizaine de matchs qu’ils semblaient pourtant avoir en main. Entre un coaching qui laisse parfois perplexe, des mauvais choix de la part des joueurs et un manque de confiance chronique, il est rare de les voir maintenir le même niveau d’intensité et de sérieux pendant l’intégralité d’un match. Un moment de relâchement est très vite arrivé, et il se paye souvent cash avec une défense aussi fébrile que celle d’Atlanta… en particulier lorsqu’il intervient dans les derniers instants d’un match. Les Hawks ont en effet une fâcheuse tendance à mal finir leurs rencontres et à laisser filer la victoire dans le « clutch », qui correspond aux cinq dernières minutes d’une rencontre où l’écart au score est inférieur ou égal à 5 points. Selon cette définition donnée par la NBA, Trae Young et ses coéquipiers n’ont remporté que 11 des 26 matchs « clutchs » qu’ils ont disputé. Parmi les 13 équipes à en avoir joué plus de 20, seul Toronto (9 victoires, 17 défaites) fait pire.

Graphique du match entre Atlanta (rouge) et Sacramento (violet) représentant le nombre de points d’avance au score détenu par chaque équipe au cours de la rencontre. (via NBA League Pass)

À leur décharge, les Hawks n’ont pas été épargnés par les blessures sur cette première moitié de saison. Les longues absences consécutives de Jalen Johnson (du 25 novembre au 26 décembre) et De’Andre Hunter (depuis le 11 décembre) ont forcé Quin Snyder à revoir ses rotations sur les ailes, notamment en titularisant presque systématiquement Saddiq Bey (30 matchs sur 42). Si l’apport en sortie de banc de l’ancien joueur des Pistons était précieux la saison dernière, il a beaucoup de mal à assumer son nouveau rôle cette année. En témoigne son gros manque de réussite au tir : 41,1%, dont seulement 31,2% de loin sur près de 6 tentatives longues distance par match. Pour un joueur aussi négatif en défense, avoir un impact offensif aussi faible sur plus de 30 minutes par match est problématique. 

Quin Snyder a également fait le choix de responsabiliser Garrison Mathews, qui tente tant bien que mal de combler les faiblesse d’Atlanta sur les ailes. S’il répond plutôt bien aux attentes, notamment par ses efforts défensifs et sa réussite à 3 points (47,7%, mais sur un faible volume), l’ancien des Rockets reste limité et assez irrégulier. Le head coach des Hawks est en revanche plus frileux concernant les jeunes, notamment les rookies Seth Lundy et Kobe Bufkin, qui n’ont eu que très peu de minutes pour l’instant. La frustration est particulièrement grande autour d’AJ Griffin, qui a vu son temps de jeu diminuer drastiquement depuis l’arrivée de Snyder à Atlanta malgré ses excellents débuts en NBA.

Pour toutes ces raisons, la rotation des Hawks sur les postes 3 et 4 manque clairement de profondeur et de consistance. Jalen Johnson et De’Andre Hunter, qui se sont rapidement imposés comme les deux titulaires sur les ailes, n’ont disputé que 15 matchs ensemble. Si l’on essaye de voir le positif, le retour d’Hunter, qui devrait retrouver les parquets prochainement, reste porteur d’espoir pour la suite de la saison, en particulier sur le plan défensif. 

Entre une défense ultra-permissive, un enchaînement de blessures, une mauvaise gestion des fins de matchs et un gros manque de confiance qui en découle, les explications aux mauvais résultats des Hawks sont nombreuses et diverses. Et si la patience a longtemps été de mise avec cette équipe, le temps est peut-être venu d’imposer des changements majeurs à l’effectif pour repartir sur de nouvelles bases. C’est en tout cas la tendance qui se dégage à l’approche de la trade deadline, qui approche à grand pas (8 février) et promet d’être mouvementée du côté d’Atlanta !