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Tout ce qu’il faut s’avoir sur la situation actuelle de John Collins

Ce titre est ambitieux, n’est-ce pas ? Effectivement, je m’avance pas mal en ayant la prétention de revenir sur la situation complexe qu’est celle de John Collins. Mais bon, je vais faire de mon mieux.

Ce n’est un secret pour personne, John Collins déchaîne les passions. Entre les équipes qui expriment leur intérêt, les fans des équipes intéressés qui multiplient les trade machines (souvent plus irrespectueuses qu’autre chose) et les fans des Hawks qui essayent de naviguer à vue concernant l’avenir d’un des jeunes les plus important de l’équipe, il est temps de faire une rétrospective et d’analyser la situation.

Qui est John Collins ?

Afin de bien comprendre sa situation, il faut savoir qui est ce joueur, mais vu que ce n’est pas le sujet principal de cet article, on va faire ça vite.

John Collins est un joueur drafté en 2017 avec le 19e choix de la Draft. C’est le premier « coup » d’un Travis Schlenk qui venait de prendre ses fonctions en tant que GM d’Altanta.

Poste 4 slasheur et rebondeur, il a su élargir sa palette et développer un shoot à 3 pts consistant (40% en 2019-2020 avec 3.6 tentatives par match). Il est même en train de devenir un joueur cohérent au poste et à mi-distance. Alors qu’il était décrié pour sa défense, c’est un défenseur plus que correct depuis 1 an et les stats avancées le prouvent de plus en plus.

Si on devait ne souligner qu’un seul point, c’est sa progression. Chaque année il semble meilleur et il est sûrement le joueur qui représente le mieux la réussite du projet de reconstruction articulé autour de Lloyd Pierce et Travis Schlenk.

Il est aujourd’hui un poste 4 archi complet et très efficace mais qui manque de reconnaissance en dehors des murs d’Atlanta malgré sa très bonne production statistique et son profil de coéquipier modèle. John est aussi un superbe complément à Trae Young, le centre du projet actuel de la Franchise, grâce à sa capacité à poser des écrans à son meneur et à être une menace aussi bien en roulant qu’en s’écartant à 3 pts.

Il est donc une pièce centrale de l’équipe actuelle des Hawks mais sa situation pose question. Pourquoi donc ?

Crédit : Sarah Stier / Getty Images

Rétrospective sur le cas John Collins

– L’Été 2020

Après une bonne saison en 22/10, John Collins faisait partie des joueurs de la cuvée de Draft 2017 qui pouvaient signer une extension de contrat. La quasi-totalité de sa cuvée a paraphé un contrat avec sa Franchise d’origine durant l’intersaison dernière : Jayson Tatum, De’Aaron Fox, Donovan Mitchell, Bam Adebayo, Markelle Fultz, Jonathan Isaac, Lonzo Ball et j’en passe.

Collins ne s’en est pas caché, il estime valoir le max. Néanmoins, Travis Schlenk n’a pas semblé emballé à l’idée de lui filer un tel tarot et on sait par ailleurs que JC a refusé une offre de 90M$ sur 4 ans formulée par le Front Office d’Atlanta.

Avec son statut d’agent libre restreint, il est sûrement l’ailier fort le plus en vue de la très attendue Free Agency 2021 depuis les extensions de Giannis et AD (sans offense envers Lauri Markkanen ou LaMarcus Aldridge).

– Le 8 Janvier 2021

Continuons notre rétrospective avec un autre événement. Dans un article publié par TheAthletic, Sam Amick et Chris Kirschner reviennent ensemble sur un échange de points de vue divergents entre John Collins et Trae Young lors d’une session vidéo. Le big man a critiqué la sélection de tir de son meneur et notamment ses prises de tir en début de possession.

On ne peut que le comprendre. Trae peut avoir un côté croqueur à prendre tes tirs rapides à 9m. Quand ça rentre on crie au génie mais il n’empêche que ça reste des tirs suboptimaux.

Malgré tout, un passage important de l’article est totalement passé inaperçu, alors même que TheAthletic l’avait cité en extrait sur son tweet. Ce passage est le suivant : « Trae is my brother regardless ».

– La suite de la situation

Enfin quelques autres articles notables traitant de la situation de JC ont suivi.

On peut notamment évoquer l’article de Shams Charania qui cite Travis Schlenk en disant « si John Collins devait partir, les Hawks chercheraient un lottery-pick » ou encore un autre article de ce bon Shams exprimant l’intérêt de Minnesota pour John Collins.

Que ressortir de ces événements ?

Je tiens à préciser que ceci est une tentative d’analyse. Celle-ci est subjective et peut-être partiellement voire totalement erronée. Oui, c’est un disclaimer.

– Pourquoi cette affaire a-t-elle pris autant d’ampleur ?

Quand on regarde les éléments factuels cités plus haut, on peut se dire que la situation semble relativement simple, mais le fait est que j’ai en fait occulté volontairement une partie de l’affaire. Elle tient en quelques mots : l’influence néfaste des médias américains peu scrupuleux et des comptes Twitter de fast-news. Oui, il y a 14 mots dans cette affirmation, mais c’est le plus simple que je pouvais faire sans mettre tout le monde dans le même panier.

Revenons événement par événement sur le traitement médiatique de ces médias.

À l’Été 2020, des rumeurs selon lesquelles le FO des Hawks ne voulait pas prolonger John Collins pour le max ont fleuri. Elles étaient légitimes et cohérentes, même si ce n’est pas l’analyse que j’ai eu à ce propos. Rien de surprenant malgré des spéculations de trade concernant notre big man avant le début de la saison.

Concernant la séance vidéo, c’est là que la situation a vraiment dégénéré. Il ne s’agissait ni plus ni moins d’un échange entre deux coéquipiers. Ces médias américains ont rapidement fait monter la sauce malgré la citation « Trae is my brother regardless » et même un autre article publié sur Yahoo!Sports sorti 2 semaines plus tard où les deux Hawks ont totalement désamorcé cette affaire. Mais ces médias ne s’en sont pas préoccupés et ils ont préféré cultiver l’idée d’un « beef » entre Trae et John afin d’alimenter les théories poussant le poste 4 vers un trade.

Crédit : Jasear Thompson / Getty Images/NBAE

À propos de l’article de Shams Charania évoquant le lottery pick, elle porte à confusion. En effet, « ne vouloir qu’un lottery-pick » peut aussi bien vouloir dire lâcher JC contre un simple pick de lottery ou vouloir absolument un lottery-pick dans le package. Parlons franchement, Schlenk ne se contenterait pas que d’un lottery-pick contre son poste 4 border-All-Star qui tourne en quasi 17/9 en carrière. De plus, ne faut pas oublier que la condition serait que John Collins soit sur le départ.

On ne peut pas non plus écarter la possibilité que ce soit l’annonce indirecte de sa mise sur le marché, même si Schlenk nous a habitué à brouiller les pistes concernant les trades (tandis qu’il a plutôt joué cartes sur table à la FA pour souligner son intérêt sur ses cibles). À ce sujet on peut se rappeler de la gestion du pick 6 de la dernière draft, pick qui a fini par être utilisé pour choisir Onyeka Okongwu.

En tout cas, les Hawks ont sûrement dû écouter les appels qu’ils recevaient concernant John Collins, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont prêts à le brader pour autant. À voir comment ils évaluent sa côte sur le marché et ce qu’ils estiment être le bon prix pour se séparer de leur intérieur. Quoiqu’il en soit, un simple lottery-pick semble trop peu sinon nul doute qu’il serait déjà parti d’Atlanta.

Enfin, l’article sur l’intérêt de Minnesota a été largement déformé au point que certains se sont mis à penser que c’était Atlanta qui était intéressé à l’idée de conclure une affaire avec les Wolves autour de John Collins.

Le problème ne vient donc pas des articles factuels de Shams et de TheAthletic mais de la surinterprétation systématique de certains médias et fans, comme par exemple Bleacher Report qui aime entretenir le doute avec des phrases telles que « John Collins pourrait bien être intéressé à l’idée de joueurs avec les meilleurs joueurs des Wolves ». Phrase au conditionnel et joueurs non cités explicitement sachant que les Wolves sont dans les abysses de la Ligue… Le tout dans un article qui n’apportait rien de plus que l’hyperbole « les Wolves meurent d’envie d’obtenir John Collins »…

Source : Bleacher Report
Source : Bleacher Report

– Comment j‘analyse la situation ?

Est-ce que je dois faire un autre disclaimer sur l’aspect subjectif de cette partie ? Disons que l’utilisation du pronom personnel « je » en rouge dans son titre ne laisse que peu de doute. Cette partie a-t-elle un intérêt ? À vous de trancher mais elle fera office de conclusion à cet article. Il se peut, elle aussi, qu’elle soit complètement erronée.

Partons du postulat suivant : Travis Schlenk est un bon GM. Pour le moment rien ne nous pousse vraiment à penser le contraire. On pourrait citer le cas d’Omari Spellman choisi avec le 30e choix de la Draft 2018, la mauvaise interprétation du développement de Trae à l’orée de la saison 2019-2020 qui nous a poussé à tanker alors qu’il affichait un niveau de All-Star (titulaire) ou encore l’attentisme qu’il a eu avant de limoger Lloyd Pierce. Ces 3 « erreurs » sont explicables (on ne peut pas ne jamais se tromper à la Draft, au final la saison 2019-2020 a donné du temps à nos jeunes pour se développer au lieu de mettre la charrue avant les bœufs et l’aspect social de Lloyd Pierce à Atlanta et le contexte commémoratif du mois de Février). Oui, je me fais volontiers l’avocat du diable concernant Travis Schlenk tant il m’a convaincu jusqu’à présent.

Partant de ce postulat, on se dit que Schlenk n’a pas signé pléthore de vétérans à prix d’or lors de l’intersaison dernière pour se séparer de John Collins avant la Trade Deadline et mettre en péril les objectifs de Playoffs de cette saison. De plus, son contrat rookie est celui d’un 19e choix de Draft et il ne pèse que 4M5$ cette saison. Il semble impossible d’avoir une contrepartie satisfaisante en échange de son contrat. C’est pour ces deux raisons que je pense qu’on peut exclure d’office un trade en cours de saison. Je prend donc le pari que John Collins sera à Atlanta après la Trade Deadline.

Mais John Collins sera-t-il re-signé cet été ?

Tout d’abord, Collins a un apport sportif de premier plan pour les Hawks et il est une pièce centrale de la reconstruction. Quoiqu’en pense les médias dont j’ai parlé dans la partie précédente, John et Trae sont amis et forment un binôme très complémentaire offensivement. L’histoire du « beef » a été largement exagéré à mon avis et il me suffit de les voir se motiver mutuellement sur le terrain chaque soir pour ne pas douter de la sincérité de leur amitié (je peux comprendre qu’on ne soit pas d’accord avec moi sur ce point).

Crédit : Carmen Mandato / Getty Images

Néanmoins, rien ne nous affirme que le Front Office des Hawks le re-signera. En effet, il semble attaché à l’idée d’avoir un contrat très proche du max et je le comprends. Personnellement, j’ai un avis bien tranché sur la non-extension de son contrat à l’Été précédent :

Travis Schlenk voulait assurer le coup. Le raisonnement est simple. On ne sait pas ce que vaut John Collins dans une équipe vraiment compétitive. Il est agent libre restreint et au pire les autres équipes ne peuvent pas lui donner plus qu’un « simple max », soit ses prétentions salariales actuelles. Notre GM a donc utilisé son statut d’agent libre restreint pour prendre cette saison comme une année test. Avec l’arrivée de recrues d’un calibre assez élevé, John est dans un effectif plus compétitif que jamais et il est en concurrence directe avec Gallinari en plus de devoir partager la peinture avec Capela. Au pire, il fait une mauvaise saison et ne vaut pas son max, les autres équipes ne le lui proposeraient donc pas et il pourrait être re-signé pour moins que ses prétentions initiales. L’autre option serait qu’il cartonne et justifie un tel contrat.

Pour moi, on se retrouve actuellement dans ce second scénario. John Collins répond présent cette saison malgré la concurrence à l’intérieur. Oui, il produit un peu moins et prend notamment moins de rebonds, comme n’importe qui qui jouerait à côté d’un taré de la cueillette sous les cercles comme Clint Capela (n’est-ce pas monsieur John « ancien membre du FO des Grizzlies » Hollinger ?).

Si j’étais Travis Schlenk, je lui donnerais un contrat max sur 4 ans sans hésiter. Malheureusement, je ne suis pas un génie de la gestion sportive, mais au moins j’ai encore tous mes cheveux.

Edit réalisé par mes soins
Crédit de la photo initiale : ATLANTA JOURNAL CONSTITUTION

Néanmoins, un élément semble justifier mon envie de le re-signer pour un max. En effet, en fin Février on a vu apparaître des articles (notamment d’ESPN) disant que plusieurs Franchises se préparaient à faire une offre significative à Collins lors de la Free Agency à venir. On compte parmi les équipes citées les Mavs, le Heat et (oh surprise) les Knicks. Les chiffres évoqués sont de 28M$ la première saison, soit ni plus ni moins un max. Cette information ne nous éclaire pas sur les plans de notre GM et cela pourrait très bien être un moyen pour ces Franchises de mettre la pression sur le FO des Hawks afin de les pousser à effectuer un trade avec eux. Il faut donc tout de même prendre cette information avec des pincettes.

Source : NBA Central / ESPN Bobby Marks
Est-ce que les Hawks pourraient le laisser partir sans contrepartie ?

C’est une possibilité mais à vrai dire, j’en doute. L’importance de JC dans la reconstruction et l’effectif actuel des Hawks n’est plus à prouver. Le laisser partir sans contrepartie serait un contrecoup terrible sportivement, mais je pourrais éventuellement le comprendre d’un point de vue contractuel.

En effet, avec Trae qui devrait signer une extension « designated max », Hunter qui se développe et pourrait vouloir un gros tarot et les contrats de Bogi (18M$ par saison avec une PO en 2023-2024) et de Gallo (61M5$/3 ans dont une saison 2022-2023 garantie à 5M$), la Franchise d’Atlanta pourrait se retrouver avec des problèmes de Cap dans les années à venir.

Je pense néanmoins que le laisser partir contre rien serait sur-anticiper la gestion du Cap au détriment du sportif, d’autant plus que si Tony Ressler consent à mettre de sa poche pour voir sa Franchise jouer le titre (ce qui n’est pas improbable aux vues de ses déclarations), on pourrait exploser le Cap et même la Luxury Tax sans trop de soucis compte tenu du fait que l’on aura les Bird Rights de nos joueurs actuellement en Contrat Rookie.

Une dernière option ?

Il y a enfin une dernière possibilité : le Sign-And-Trade. Si John Collins devait se retrouver dans une Franchise autre que les Hawks à l’Été prochain il y a fort à parier que cela passerait par cette option. Comme je l’ai dit juste au-dessus, je ne pense pas que les Hawks le laisseraient filer sans contrepartie. L’avantage de cette option contrairement à un trade avant la Deadline serait de pouvoir garder JC jusqu’en fin de saison et donc de l’avoir dans la course aux Playoffs, mais aussi de pouvoir attendre une meilleure contrepartie. En effet, si un trade avait lieu en l’état, le contrat de Collins ne représenterait que 4M5$ dans la balance. En cas de Sign-And-Trade, il signerait un contrat avec nous en utilisant ses Bird Rights pour dépasser le Salary Cap, puis il pèserait l’équivalent de son nouveau contrat dans la balance des transferts. On pourrait contre l’échanger contre un package valant 25-30M$ à l’année (soit le contrat qu’il semble être parti pour avoir cet été) tout en évitant les problèmes de Salary Cap.

Il y a bien sûr des conditions pour qu’un Sign-And-Trade se mette en place et c’est une opération complexe. Il faudra, entre autre, trouver un accord avec le joueur et la Franchise qui souhaite le récupérer et qu’on identifie une contrepartie convenable parmi les options de la dite-Franchise. Comme on le sait, plus il y a de parties plus un deal est difficile à mettre en place à la Free Agency.

Néanmoins, si une telle opportunité ne se présentait pas, je pense honnêtement qu’on matcherait les offres et que John Collins resterait un Hawk pour la saison à venir, en attendant peut-être de l’échanger en cours de saison ou à l’Été suivant s’il voulait vraiment partir.

En tout cas, si un Sign-And-Trade doit se faire, il sera fait dans les règles…

… n’est-ce pas Bogi ?

nba.com/hawks