Résumé de saison,  Une

Nate McMillan : Que penser de lui après une saison pleine ?

Pour sa première saison complète en tant que head coach d’Atlanta, Nate McMillan a plutôt déçu. Entre manque de maîtrise du groupe, absence de systèmes tactiques et mauvaise gestion des fins de match, celui qui avait amené les Hawks jusqu’en finale de conférence l’an passé n’a pas toujours semblé être l’homme de la situation cette année. Retour sur cette saison décevante et focus sur l’avenir de McMillan à Atlanta.

Le récit de la saison compliquée de Nate McMillan

Le casse-tête de l’effectif

La première difficulté pour Nate McMillan cette saison a été la gestion de l’effectif. Très voire trop fourni, il n’en est pas moins rempli de lacunes à différents postes et dans différents registres du jeu. Ainsi, avec un effectif trop profond notre coach a présenté certaines difficultés à organiser ses rotations et tirer le meilleur de son effectif.

La gestion des Rookies

à commencer par les rookies, que l’on a très peu vus sur les parquets NBA cette saison : Jalen Johnson (120 minutes en 22 matchs) et Sharife Cooper (39 minutes en 13 matchs) se classent en effet respectivement 74e et 88e au total de minutes jouées chez les rookies. Une déception pour ces jeunes joueurs, qui n’ont pas eu leur chance cette saison. Hors de la rotation de Nate McMillan, les seules occasions qu’ils ont eu de s’exprimer sont des garbage time (hormis 3 matchs à plus de 10 minutes de jeu pour JJ), peu représentatifs de ce que les joueurs peuvent réellement apporter.

Certes, les mauvais résultats des Hawks ont limité les possibilités de réaliser des « tests » car les victoires ont rapidement été impératives. Mais entre l’épisode covid du mois de décembre et les différentes blessures qui ont touché l’effectif (Hunter, Bogdanović, Collins, Gallinari, etc … ), les occasions de faire jouer Cooper, et surtout Johnson, étaient nombreuses. Mais McMillan n’a jamais semblé leur faire confiance. Quand on se souvient qu’il avait hésité à faire jouer Onyeka Okongwu la saison dernière (c’est le Front Office qui l’avait poussé à le faire), on comprend que notre head coach est rarement enthousiaste à l’idée de faire jouer ses rookies.

Le cas Delon Wright

Au-delà de la gestion des rookies, McMillan a peiné à trouver le véritable rôle de certains joueurs, notamment Delon Wright. Arrivé à l’intersaison en tant que back-up de Trae Young, le combo-guard de 30 ans a connu des débuts compliqués à Atlanta. Assez timide en attaque, il n’a pas eu l’apport attendu, ce qui a conduit McMillan à le sortir de la rotation à partir 11 mars. Une décision forte de la part du coach, qui a eu l’effet d’un électrochoc chez Wright.

Rapidement de retour dans la rotation suite à diverses blessures au sein de l’effectif, il a montré un tout autre visage sur la fin de la saison. Bien plus impliqué sur le terrain, il est devenu l’une des pièces maîtresses de la défense d’Atlanta, comme on vous l’expliquait dans notre dernier article. Coup de chance ou coup de génie de la part de Nate McMillan ? Difficile à dire, mais une chose est sûre, cette décision de sortir Delon Wright de la rotation a (assez paradoxalement) complètement relancé l’ancien joueur des Kings et donné un nouveau souffle à la défense des Hawks. 

Le coup de chance « Bogi »

Un autre exemple est celui de Bogdan Bogdanović, qui a lui aussi a eu du mal à trouver son rôle dans l’effectif cette saison, comme on vous le racontait dans notre article sur l’arrière Serbe. En manque de réussite au shoot, plus discret au scoring et moins impliqué en défense, il a été placé sur le banc par Nate McMillan à son retour de blessure à la fin du mois de janvier. Un changement dans le cinq majeur (Huerter prenant la place de Bogi) qui s’est avéré plutôt efficace, puisqu’il a totalement relancé le Serbe. Un nouveau choix payant de la part du head coach, mais dont on ne saurait dire s’il s’agit d’une réelle prise de position tactique ou d’un simple coup de chance.

Entre les blessures et la vague de covid, il faut admettre que l’effectif n’a pas été simple à gérer cette saison. Si McMillan doit être crédité pour ses ajustements qui ont permis de relancer certains joueurs (Bogdanović, Wright), on peut tout de même lui reprocher un manque de flexibilité dans ses rotations. On aurait par exemple aimé le voir prendre plus de risques et laisser leur chance aux rookies, qui se sont montrés capables de belles choses en G-League.

La gestion des fins de matchs

C’est le point qui fâche le plus les fans d’Atlanta. En dépit de toute son expérience en NBA, Nate McMillan s’est montré fébrile dans les moments chauds. Pour preuve, les Hawks sont 21e au classement du pourcentage de close games remportés, avec moins de 50 % de victoire (moins de 3 possessions d’écart dans les 3 dernières minutes). L’explication de cette statistique est tout simple : McMillan a fait comprendre qu’il laissait ses joueurs gérer eux-mêmes les fins de matchs en début de saison… 

Symbole de ce manque de maîtrise, les dernières secondes de la série face au Heat. Menés de 9 points à moins de 3 minutes de la fin du match, les Hawks, menés par un De’Andre Hunter en feu, reviennent à 3 points de leur adversaire. Ils disposent d’une dernière possession pour égaliser, que McMillan décide de jouer sans poser de temps-mort. Résultat : une attaque très décousue qui termine par un tir en déséquilibre (et à 2 points…) raté par Gallinari.

S’en suit une bataille au rebond à l’issue de laquelle le ballon sort du terrain : après une vérification vidéo, la possession revient à Atlanta. Avec 4.8 secondes à jouer, McMillan décide cette fois de poser un temps-mort ! On s’attend alors à un système bien dessiné, mais il n’en a rien été. Comme une image vaut mieux que mille mots, voici le replay de cette horrible dernière possession.

On se rappelle également que plus tôt dans la série, lors du match 3, nos Faucons avaient encaissé un 21-0 (!) en l’espace de 5 minutes dans le 3QT, sans que McMillan ne daigne poser un temps mort. À l’issue du match, il avait justifié cette décision d’une manière étonnante : « Cela s’est passé en deux minutes. Je crois que je venais de prendre un temps mort ». Un véritable aveu d’impuissance qui révèle une grosse fébrilité (mentale) et certaine faiblesse tactique chez l’entraîneur d’Atlanta.

Un manque de maîtrise tactique

Cette faiblesse tactique, on a pu la constater tout au long de la saison. Certaines consignes qui avaient fait le succès d’Atlanta la saison précédente ont simplement disparu, à commencer par le mouvement de balle et le jeu sans ballon. Le symbole de cette approche tactique était sans nul doute Bogi, auteur d’une fin d’exerce hors-norme en 2020-21, et que l’on voyait fréquemment naviguer sans la ballon dans des écrans pour trouver ses spots de tir ou encore commencer un pick and roll avant de faire coulisser la gonfle vers des joueurs ouverts. Cette saison rien de tout ça. On a plutôt été abreuvé d’un jeu hélio-centré rappelant les 2 premières saisons de Lloyd Pierce avec Trae Young.

Défensivement, ce n’était guère mieux. Alors qu’une approche comparable à celle du Jazz avait franchement convaincu la saison précédente, il est difficile de savoir s’il y avait une direction vers laquelle les Hawks naviguaient défensivement cette saison. On aurait juste voulu voir la même chose que la saison dernière : des joueurs extérieurs très proches de leur vis-à-vis, contestant toujours le tir, quitte à accepter les drives et les attaques de closeout, avec pour objectif de guider ces pénétrations vers notre pivot. D’ailleurs, Clint Capela a en partie dû en payer les pots cassés puisqu’il n’a pas été autant mis en avant, ce qui s’est ressenti sur sa ligne de stats. En dehors de ces considérations individuelles, l’équipe toute entière a eu plus de mal de ce côté du terrain, et le flou dans l’organisation défensive n’y est sûrement pas pour rien.

Un problème de mentalité

Enfin, il faut aussi souligner qu’un coach a sa part de responsabilité dans la mentalité de son équipe. Cela n’aura échappé à personne, les Hawks ont commencé la saison avec une approche très présomptueuse suite à leur parcours jusqu’en Finale de Conférence l’an passé. En tant qu’head coach expérimenté, McMillan aurait dû être capable de ramener ses jeunes joueurs sur terre et de les remobiliser dès le début de saison.

À ce propos, il a raté son office puisque les Hawks ont payé en fin de saison leur première quinzaine de matchs où ils se regardaient jouer sans réellement se donner les moyens de gagner. Bien sûr, toute la responsabilité ne lui est pas incombée, mais cela fait partie des choses que l’on attend d’un bon coach. Et le fait est qu’il ne tient pas réellement son vestiaire, bien qu’il faille reconnaître qu’il a réussi à y mettre une bien meilleur atmosphère que sous Lloyd Pierce.

Des attentes trop hautes ?

Il l’a montré l’an passé en reprenant l’équipe en main après un début de saison cauchemardesque (bilan de 14-20, loin des attentes), McMillan est un excellent coach lorsqu’il s’agit d’encadrer et de guider un jeune effectif inexpérimenté tel que l’était celui d’Atlanta. Mais pour lui faire passer un cap et en faire un sérieux candidat au titre par des adaptations tactiques, c’est une autre paire de manche. La preuve, sur ses 15 premières saisons en tant que head coach, il n’a passé qu’une seule fois le 1er tour des playoffs (avec les Supersonics en 2005). Une statistique peu rassurante pour une équipe qui vise une bague.

En a-t-on alors trop attendu de la part de Nate McMillan? Probablement. Après l’exceptionnel parcours des Hawks lors des playoffs 2021, on était en droit d’espérer une belle saison de leur part. Mais nos attentes étaient peut-être trop hautes pour un coach davantage connu pour ses qualités humaines que techniques.

L’avenir de Nate McMillan à Atlanta

Le propriétaire des Hawks Tony Ressler l’a annoncé, il fait pleinement confiance à son head coach pour la saison prochaine. Sauf coup de théâtre, il sera donc toujours sur le banc d’Atlanta en octobre prochain.

La recherche de stabilité

Ce qui joue en sa faveur, c’est certainement la recherche d’une forme de continuité. En effet, un deuxième changement d’entraîneur en 1 an et demi (après le licenciement de Lloyd Pierce en mars 2021) ne serait pas idéal pour l’équilibre de l’équipe. De plus, même si cette saison a été décevante, il faut reconnaître qu’elle n’a pas été facile à gérer sur plusieurs points (vague de covid, nombreuses blessures, attentes élevées). Il est donc compréhensible que le Front Office décide de laisser une « seconde chance » à McMillan, d’autant que celui-ci semble être apprécié et avoir la confiance de son vestiaire.

Nate McMillan, un bouc-émissaire trop facilement pointé du doigt ?

De plus, l’entraîneur est loin d’être le seul responsable de la saison ratée des Hawks. La majorité des joueurs se sont eux aussi montrés plus fébriles et moins impliqués cette saison, qui a fait ressortir les faiblesse de l’effectif d’Atlanta. Avec un seul véritable créateur et sans véritable leader défensif, difficile pour McMillan d’établir des rotations stables et un plan de jeu clair.

Conclusion

En bref, les fans des Hawks n’ont pas été tendres avec leur head coach (parfois à juste titre). Mais aucun changement ne semble être prévu sur le banc d’Atlanta, alors on va prendre notre mal en patience et espérer qu’il sera capable de mieux avec un effectif assurément différent la saison prochaine !